Au début l’effort fourni n’est guère important, les effets de ce que je lis, ce que j’apprends, les rendez-vous avec le thérapeute, produisent une euphorie plus ou moins marquée qui me porte pendant quelques semaines. C’est l’effet de la motivation, celle ci est due au fait que je me donne les moyens de satisfaire un besoin qui s’est manifesté en moi.
Une fois ces quatre à six semaines passées, mon engouement pour cette démarche commence à montrer des signes de faiblesse. Mon besoin a été pris en compte, celui se manifeste donc moins, d’autres prennent le relais et je rentre dans une phase ou la vigilance, et la présence à moi même, doivent être maintenue par un effort conscient.
Ceci constitue le premier écueil sur le chemin de la poursuite du développement, et c’est justement l’importance et la responsabilité du thérapeute : Il doit veiller et s’assurer que la motivation soit nourrie.
Je passe cette étape, je suis accompagné, ma motivation est entretenue, je suis de plus en plus conscient des résultats et des progrès. Ceux ci se manifestent dans mon quotidien, et je vais de mieux en mieux.
Et puis arrive ce moment où ayant fait le tour de mon moi conscient, celui que je connais, cette partie de moi qui accepte et veut se guérir, j’arrive à la partie de moi que je ne connais pas, celle que je rejette, celle qui me fait mal, celle que je ne veux pas voir.
Et c’est à partir de ce moment là, que je risque d’abandonner. Alors que tout va mieux, soudain avec mon thérapeute j’entre dans une zone d’inconfort. J’ai l’impression de régresser, mon moral est affecté. Je découvre des sensations, des pensées qui me dérangent. Je ne me reconnais pas ! Je m’énerve, et là je trouve que le thérapeute n’est pas si bon que je le croyais, je suis bien, pourquoi me pousse t’il dans une direction dans laquelle je ne veux pas aller ? Je commence à le juger, à me trouver des excuses, je cherche en dehors de moi un responsable à ce que je suis en train de vivre ...
Alors que c’est là que le véritable travail commence, je baisse les bras et j’abandonne…
Et pourtant, comment puis je progresser si justement je n’amène pas de la lumière sur mes zones d’ombres. Si je dois “découvrir” quelque chose en moi, je dois bien accepter de braquer mon regard sur ma partie sombre. J’ai déjà avancé, je sais que cette partie sombre existe. Je dois maintenant être en mesure de m’affronter, de prendre la responsabilité de ce que je pense pour arriver à être responsable de qui je suis.
Pour mon bien, et avec l’aide du thérapeute, je décide de continuer, je sais que je suis accompagné par quelqu’un qui est déjà passé par ce chemin, qui est au delà du jugement, qui est en mesure de m’accueillir tel que je suis, c’est à dire ignorant de moi-même.
Car si je laisse mon ombre décider et gouverner alors je ne serais jamais complètement moi-même.
C’est une étape qui est difficile, mais depuis que je sais pourquoi, j’ai choisi de continuer …
Le thérapeute n’est ni le problème, ni la solution, il est l’outil que j’utilise pour aller en profondeur. Et ce n’est pas en changeant d’outil que je vais aller plus vite, plus loin. Je comprends qu’avant tout mon développement est un effort personnel, et que de la même manière que je ne deviendrais pas un virtuose si je change sans arrêt d’instrument de musique, car je rejette la faute de mes fausses notes sur l’outil, je ne deviendrais pas maître de moi-même si je change de voie à chaque situation inconfortable que je vis. Les progrès les plus important seront ceux réalisés lors de ma confrontation avec ma part sombre.